L’expérience esthétique, c’est l’opportunité de rencontrer l’œuvre d’art et d’en être profondément bouleversé, ému. L’effet cathartique d’une œuvre, l’émotion esthétique qu’elle provoque, offre une ouverture au monde, une nouvelle manière de voir, de penser, et de panser des blessures psychiques.
Interpréter, se représenter devant une œuvre, qu’elle soit picturale, musicale, théâtrale, ou littéraire, c’est jouer, c’est créer, et souvent par le jeu des identifications. Aristote avait déjà perçu l’effet cathartique des tragédies grecques lorsque les spectateurs étaient mis en situation de recevoir des émotions non encore inscrites ou refoulées.
La réception artistique ou la rencontre avec une œuvre d’art, ce n’est donc pas seulement regarder, analyser. Ce qui est représenté sur la toile, l’histoire qui se dégage d’une pièce de théâtre, d’un roman, la musicalité et la profondeur d’un poème ou d’une musique ne donnent pas à voir la réalité telle quelle mais bien celle que l’artiste a perçu du monde extérieur à une période donnée, en fonction de ce qu’il est. De même, lorsque le spectateur ou le lecteur est en position de recevoir une œuvre d’art, il l’interprète en fonction de ce qu’il ressent, de ce qu’il est, de ce qu’il a vécu. C’est en cela qu’il y a rencontre, altérité, empathie, entre deux subjectivités.